10 jours sans tabac: premier bilan

Publié le par karim yahiaoui


Application de la loi, résistances, initiatives insolites ou vrais problèmes : dix jours après l'entrée en vigueur de l'interdiction de fumer dans les cafés et restaurants, LEXPRESS.fr fait le bilan, en dix points.




. Des établissements prudents
Si l'on en croit les contrôles réalisés, les établissements n'ont pas joué avec le feu. A Paris, par exemple, aucun café ou restaurant n'a été verbalisé. Dès le 2 janvier, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot s’est félicitée du "parfait" respect de l'interdiction de fumer. Une enquête du FESTIF (Facultés et écoles sans tabac en Ile-de-France) menée du 1er au 2 janvier dans 100 établissements notait toutefois une signalétique absente dans 36% des cas. 

2. Fini l'apéro
Une enquête réalisée par email par l'Union des métiers et industries de l'hôtellerie (Umih) évoque une baisse de fréquentation temporaire de l'ordre de 10%. Le président de la Confédération des buralistes, René Le Pape, s'appuyant sur les premières remontées de ses adhérents, a pour sa part indiqué que sur 100 bar-tabacs testés dans toute la France, "il y a une perte annexe certaine, entre 30 et 50% sur le petit café du matin et l'apéritif du soir". "Faute de convivialité", les clients resteraient également moins longtemps dans leur café.

3. Des sourires en prime
L'Union des métiers et industries de l'hôtellerie propose désormais aux exploitants des formules "pour faire passer le manque" telles que la vente de pâtisseries, des cartes de thé de qualité et un service "sourire, propreté et accueil des familles avec jeux pour les enfants". La sourire-thérapie, nouvelle méthode pour arrêter de fumer ? A tester.

4. Dommage collatéral
Dans la catégorie perdants, sont nommés…. les voisins des bars et cafés. Avec l’installation des fumeurs en terrasse, les habitants des étages supérieurs sont de plus en plus incommodés. Aucun recours légal n’est (pour l’instant ?) prévu : l'article R. 3511-1 du code de la santé publique ne s’applique pas aux habitations privées.

5. Une bonne cabine
Dans la catégorie gagnants, sont nommés... les fabricants de cabines pour fumeurs. "Douze cabines sont déjà en fonction et nous avons reçu 15 commandes en un mois et demi", se réjouit le président de PlymoVent, filiale française du groupe suédois du même nom, seul constructeur sur le marché. Appelées "Smoke'n go", ces cabines, intérieures ou extérieures, existent en trois versions : Mezzo 4 à 5 personnes, Espace 6 à 7 personnes, et Plazza 12 à 14 personnes.

6. Polaires fumantes
Comment appliquer la loi en s’amusant… et en se faisant un petit coup de pub? Gilles Gérard, patron du "Chat qui pêche" dans le centre de Rennes prête à ses clients sortis fumer des vestes polaires sans manches portant le nom de son établissement. "L'an passé, j'avais acheté des stylos et des porte-cartes avec le nom du bar. Cette année j'ai acheté 30 polaires à 10 euros", explique-t-il. Les clients ont mordu à l'hameçon. Certains ont toutefois reconnu qu’il est tout aussi rapide d’enfiler un manteau.

7. Les résistants
Des résistances éparses ont vu le jour depuis le 1er janvier. Ainsi à Lyon, le patron du Café 2003 a souhaité donner une dimension "artistique" à son combat en prenant quotidiennement des clichés des cendriers laissés par ses clients, afin "d’en illustrer la diversité". Lors de l’intervention de la police le 4 janvier, ce patron a pris à sa charge l’amende du fumeur pénalisé. Il a également du s’acquitter d’une amende de 135 euros pour l’avoir laissé faire, ainsi que 750 euros pour l’incitation à fumer.
Pour contourner les contrôles, le patron d’un bar ouvrier de Trouville-sur-Mer, autre résistant de la première heure, a lui décidé de poster des vigiles "aux quatre coins de la rue". Avant qu'un policier arrive, les clients éteignent leurs cigarettes. "On va jouer au gendarme et au voleur" a-t-il lancé.

8. 100 chansons pour arrêter de fumer…ou pas
Le journaliste rock Jean-William Thoury recense cent chansons liées au tabac dans un livre intitulé "100 chansons pour arrêter de fumer". Cet ouvrage petit format, vendu à peu près au prix d'un paquet de cigarettes (5,90 euros), consacre une page à chaque chanson. Pas sûr pourtant que Les cigarillos de Serge Gainsbourg, La Gitane de Léo Ferré ou Les mégots des Négresses Vertes ne découragent les accros.

9. Les bars à chicha ne décolèrent pas
Dans les bars à chicha, l’application de la loi est plus difficile. Le 1er PV a été décerné le 6 janvier à un établissement de Nancy, le "Harem". A Metz, Bayoumi El Sayad, le gérant du "Sphinx" exige 60 000 euros de dédommagement de l'Etat qui, s'il lui était accordé, pourrait faire jurisprudence pour les 800 établissements de ce type recensés en France. Pour éviter de fermer boutique, certains bars tentent de se diversifier, dans la restauration, les concerts, ou de louer leurs narguilés.

10. La parade: créer une association
Pour contourner l’interdiction, plusieurs établissements ont choisi de se constituer en association. A Cannes, le lounge-bar "Le Must", propose à ses clients d'adhérer, pour un coût de 2 euros l'année, à "La Cave à cigars Association", basée au premier étage de l'établissement. Dans cette salle équipée, comme le reste du bar, de tables basses et fauteuils moelleux, fumer une cigarette en dégustant un verre n'est plus un délit. "C'est le même principe que pour les clubs échangistes, eux aussi interdits par la loi, mais qui fonctionnent sous la forme associative", a expliqué le patron.

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